(3) Agression

[ereben]

Nous y attendras-tu ?
Non...
Mh ? et pourquoi ça ?
Je n'ai plus besoin de vous...
Tr... !

Le bruit d'ouverture de la porte la sortit de ses Songes. Le lit étant très confortable, elle ne bougea pas et Tyrael ne nota visiblement pas son éveil. Le voyant à travers ses paupières entrouvertes se glisser avec attention vers le lit, elle remarqua la planche de bois sur laquelle étaient disposés diverses charcuteries salées.

Il est tellement attentionné...

Elle ressentit l'abaissement du matelas quand Tyrael s'assit sur le côté du lit. Elle se demandait ce qu'il attendait pour la réveiller. N'ayant pas le visage du jeune admirateur dans son champ de vision restreint, elle utilisa son ouïe. Plus que son souffle irrégulier, c'est la vibration périodique et sourde anormalement perceptible de son myocarde qui trahissait son sentiment.

Il m'aime, le pauvre...

[Tyrael]

Le plateau encore dans les mains, ses yeux, son esprit, s'abîma dans la contemplation du visage de la jeune fille. Elle semblait si sereine, si calme : un véritable visage angélique. Ses cheveux s'étalaient sur son visage endormi. Sa main se leva, ne demandant aucune autorisation, et s'arrêta à quelques centimètres de son visage, tremblante. Puis revint sur le plateau.

Reprenant ses esprits, tentant de calmer les battements de son coeur, Tyrael posa le plateau au pied du lit de sa princesse et décida de mettre fin à ses tourmentes. Il se leva. Le lit grinça, le corps de la jeune fille se leva légèrement.

Lorsqu'il lui tourna la dos, s'apprêtant à quitter la chambre, elle réussit a retenir son attention par quelques mots machiavéliquement bien choisit.

[ereben]

"Hey, l'appela-t-elle. Ne me laisse pas toute seule..." et Tyrael s'était donc arrêté net.

Elle se redressa sur son lit et, enroulée dans la couette, elle s'assit sur le côté. Elle adressa un sourire reconnaissant à Tyrael et se baissa pour piocher un morceau sur le plateau.

"C'est bon" fit-elle remarquer d'une belle voix monotone.

[Tyrael]

Tyrael se retourna pour voir la jeune fille manger son jambon salé par les doigts, comme ci ce fut qu'un morceau de pain avec du beurre et de la confiture. Malgré le sel abondant cet aliment, elle ne prenait aucune pincette, ne se montrait pas réticente, mais mangeait à sa faim. Une véritable fille bien élevée ! constata Tyrael avec un sourire.

"Au risque de provoquer votre étonnement, c'est Alkerion qui a trouvé cette nourriture. Je n'irai pas jusqu'a dire qu'il ce soit précipiter jusqu'a votre chambre pour vous l'amener mais... c'est déjà un début."

Tyrael hésita à rester avec elle, ou partir s'entraîner un peu à son Talent dans sa chambre. Selene vit son indécision et le prit avec un sourire malicieux. Il prit une chaise grinçante et branlante, et s'assit en face d'elle.

[ereben]

"Kery ne m'aime pas mais il ne me laisserait pas mourir de faim. J'en suis sûre..."

Tyrael en doutait fortement, mais il n'en montra rien. Il la regarda simplement manger avec un sourire tendre. Puis, malgré sa contemplation quasi hypnotique, il s'arracha à cette petite beauté, et pensa qu'il devrait partir étudier dans sa chambre. Son regard avait trop tendance a s'égarer la ou il ne fallait pas, et son esprit allait bientôt suivre. De plus, il se sentait capable de nombreuse chose en cette tardive soirée, valait mieux partir autant pour elle, que pour lui. Ainsi donc, il se releva de sa chaise, tenant par miracle, et lui dit d'une voix incertaine :

"Je vais devoir vous laisser, ma demoiselle. Je vous souhaite un bon appétit et une bonne nuit de sommeil, malgré l'insalubrité de ces lieux. Nous veillerons à ne pas faire de bruit afin de ne pas vous déranger."

[ereben]

Elle se dépêcha de faire entrer le morceau de lard qui pendait à ses lèvres. "Merci" dit-elle avec un petit sourire sur sa bouche pleine.

Lui tournant le dos, il hocha la tête et marcha pour ouvrir la porte lorsqu'il entendit comme un "flisch !" bref vers le rez-de-chaussée. Il actionna la poignée et entendit maintenant des pas précipités dans l'escalier. Arrivé dans le couloir, il se tourna rapidement vers l'escalier et vit une forme sombre courir vers lui à une allure prodigieuse.

"Qu'est ce..."

Il n'eut même pas le temps de finir sa phrase que l'inconnu, la main levé, lui cracha un mot, qu'il ne comprit absolument pas, en plein visage. Aussitôt, il fut arraché du sol par une onde de choc reçut en plein dans l'abdomen et traversa tout le couloir en l'air, pour s'écraser contre les planches pourries du mur d'en face. La tête ensanglantée, le corps appuyé contre le mur, tel un pantin sans vie, Tyrael n'eut même pas le temps de rouvrir les yeux. Il sombrait dans un était d'inconscience proche du comas.

[ereben]

Elle allait se recoucher quand le vacarme l'en dissuada. Elle se mit brusquement debout, ne gardant que le drap d'une vieille blancheur pour se couvrir.

La porte s'ouvrit violemment et une petite silhouette sombre et nerveuse fit son apparition. Le serenité de Selene s'envola. Gardant néanmoins son calme, on pouvait sentir, non de la peur, mais de l'appréhension.

"Selenia..." dit l'inconnu d'une voix rugueuse et irritante.

Oh non... "Qu'est-ce que tu fous ici ? demanda calmement Selene derrière son vague masque de self-control.
- Selenia... T'es chiante !!"

Il se jeta sur elle.

[Tyrael]

Ses yeux le brûlaient. L'inconnu maîtrisait un Talent qu'il avait acquis dans ses tout débuts. Ce fut la première fois qu'il ressentait ce qu'ils faisaient subir à ses anciennes victimes, avec ce dérivé sensationnelle mais très douloureux.
Ses yeux se rouvrir spasmodiquement. Il arrivait à voir par intermittence, Al se relevait en titubant. Il devait être un peu moins mal au point que lui. D'après ses bribes de souvenirs, il s'était légèrement retourné lorsque le flash avait illuminé la pièce, et brûlé leurs yeux par la même occasion. Une chance inouïe pour lui.

Les yeux fermés, il tâta les objets alentours. Sa main gauche rencontra un objet assez léger et de forme assez cubique. Une chaise. Il appuya sa main gauche dessus, et de la droite, chercha un autre point d’appuie. Toujours rien dans tout les sens. Sa main tâta encore la chaise afin de voir vers quel endroit elle était orientée, afin de s’y diriger pour trouver la table. Il trouva le sens, et y rampa, suivit de la chaise. Après quelques instants, son crâne entra en contact avec un objet fin et assez lourd. Le pied de table. Il leva sa tête et son bras comme il put, et réussi à poser sa main droite. Premier essai concluant, tout son poids sur la chaise et la table, repartit plus ou moins équitablement, lui permit de se redresser, pantelant.

"Al !"

Un rapide et puissant craquement sonore explosa du couloir, à l'étage. Alkerion eut une pensée pour Tyrael qui avait du rester un peu trop de temps dans la chambre de la fille. Encore elle, toujours elle. Si jamais ils perdaient Tyr, il se chargerait lui même de sa petite personne.

"Al ! Le laisse pas partir, va à létage et bouge ton cul "

[ereben]

"Tu vois pas qu... enfin non, tu ne vois pas... Moi non plus, je suis dans le même état que toi !"

Il était assis par terre, dos au mur. La vue lui revenait progressivement tandis que le mal de tête était, lui, plus persévérant. Au bout de quelques instant, un cri retentit depuis l'étage au dessus. Le cri de quelqu'un qui n'a rien à perdre dans l'action violente qu'il est en train d'entreprendre.

"Il s'attaque à elle!" dit Al en se levant pour se précipiter en haut.

[Tyrael]

Ses ongles lacérèrent violament le visage de Selene qui poussa un petit vri strident, plus de surprise, que de douleur.

Bizarrement il se rétracta, comme ci, tel un chien ayant mordu par inadvertance son maître, il eut peur des représailles. Selene toucha à peine sa joue avec sa main, qu'il reprit du poil de la bête et recommença à griffer, malgré les deux mains de Selene, plaquée sur son visage. Il n'entendit pas Alonaël monter l'escalier tant bien que mal, occupé à réduire cette objet de tant de convoitise, en charpies sanglantes.

[ereben]

Quand il arriva devant la porte, il avait retrouvé la quasi-totalité de son acuité visuelle. Il ne remarqua cependant pas que Kery ne l'avait pas suivi. Il vit le petit agresseur s'acharner comme un chat sur la pauvre fillette repliée qui ne gémissait étonnamment que très peu.

"HEY !!" cria-t-il avant de se précipiter pour les séparer.

[Tyrael]

Le petit homme n'eut pas le temps de bouger, la main encore levée, il s'arrêta net. Al le saisit fermement par les épaules. Le petit homme se débattit, renversa sa tête en arrière, percutant à plein fouet celle d’Alonaël, celui ci lâcha prise. Le petit homme pensa à saisir l'occasion pour le planter, mais préféra fuir, de peur que son autre ami ne monte aussi. Il le poussa violemment contre la fenêtre, et courut vers le couloir.

Il sortit de la chambre en trombe, laissant Alonaël contre le mur et Selene mettre court à sa nudité avec ce qu'elle put et dévala l'escalier. En bas, pendant le peu de temps qu'il y resta, il ne trouva qu'un homme à terre, la cape noir encore sur lui. La porte encore ouverte, il déboula dans la rue à toute allure et poursuivit sur sa gauche, en direction des quais.

Alkerion, à coté de la porte, ayant récupéré la vue que d'un oeil et ayant toujours ce mal de crâne, sourit. De façon glacial, comme à son habitude. La demi vue encore brouillé partiellement,ll poursuivit le petit homme dans une course déjà gagné d'avance.

[ereben]

"Hey... Selene, ça va ? demanda Al.
- Oui... oui." répondit-elle en s'essuyant le visage.

Il était tout crasseux et couvert d'égratignures. Ses mains avaient tout pris. Et ses côtes arboraient également quelques bleus et éraflures dues au parquet irrégulier. Elle s'étonna de sentir une larme couler sur sa joue. Elle l'effaça immédiatement sans se rendre compte que la trace claire au milieu de sa joue sale laissait deviner qu'elle l'avait versée. Toute amochée qu'elle était, elle restait toujours aussi belle.

"Viens, proposa Al, on va soigner tout ça. Il est parti."

[Tyrael]

Au bout de quelques mètres, sa vision devint trop floue. Il s'en servit essentiellement pour éviter les obstacles, comme les tonneaux, les carrioles, les caisses et pour repérer les rues, et les moment où tourner. Pour la piste du Petit Homme, son odorat faisait excellemment bien l'affaire. L'individu laissait une traînée d'odeur, comme un chemin de couleur vert fluo tant elle est si facilement détectable. Odeur de peur, d'excitation, d'angoisse et de sueur.

Ils dévalèrent les quais sur plusieurs dizaines de mètres, puis Alkerion, se jugeant assez loin de l'auberge, courut de manière plus rapide, mais pas dans la même position. Tel un chien, ses deux pattes postérieurs poussèrent à une vitesse effrénée tandis que ses "bras", faisant plus office de patte, dirigèrent et donnèrent un peu plus de vitesse.

Le petit homme n'osa plus regarder dans son dos. Il entendait des bruits de poursuites, mais avec un autre rythme que celle qu'un homme pourrait faire en courrant. Ce rythme là était beaucoup plus rapide, et ressemblant au "cataclop" d'un cheval, sans en être totalement un. Ignorant ces élucubrations, il redoubla de vivacité, malgré son épuisement certain. Son embarcation était quelques centaines de mètre plus loin. Mais à quoi bon y'allait, son poursuivant serait toujours sur ses talons. D'ailleurs, le son de ses pas n'étaient pas plus proche ? Non. Il espérait que non. Soudain, il tourna à sa droite, dans une rue aussi déserte que cette ville abandonnée. Malheureusement, Alkerion avait pressentit son écart, et en profita de ce ralentissement, aussi bref soit il, pour sauter sur sa proie apeuré. Il ne rata pas son coup.

[ereben]

Comme l'agresseur était déjà en plein virage, Alkerion le chargea par le côté. Ainsi s'écrasèrent-ils contre le mur de la ruelle, le poursuivant amorti par le poursuivi.

Il avait donc encaissé la pleine violence du plaquage. Sonné, il ne fut pas dans un premier temps en mesure de se débattre et, éventuellement , de continuer sa course. Il fut contraint de reprendre ses esprits très vite, car Alkerion le prenait par le cou et le suspendait au bout de son bras.

"Ehjgh... Ne... Gnon...! Pi-pi... Pitié, Eurgh!!
- S'il en avait été que de moi, ta mission aurait pu aboutir, mon ami. Mais tel n'est pas le cas, et j'en suis fort navré. Tu penses pouvoir m'être utile pour ta survie ?
- Rhgh, j... Ghoui, oui !!
- Je m'en doutais."

Sa main se relacha tres legerement. Le petit homme dans un rale reprit son souffle. Alkerion rafermit sa prise.

"Bien. Ton employeur serait pret à payer pour divers informations et pour un travail bien fait et sans bavure ?
- Je... Pas d'employeurs ; aouh! Je... s-suis tout seul!"

Alkerion était visiblement déçu.

"Ecoute mon ami, nous allons nous divertir avec un jeu, de sorte à repartir sur de bonne base. Répond correctement à mes questions, et tu repars d'ici avec tout tes membres en état de marche. Si tu réponds faux... J'espère sincèrement qu’on n’en arrivera pas si loin. Es tu prêt pour ma première question ?
- Je vous jure... supplia le Petit Homme. El-Elle m'a trahi, elle... je... je l'aimais ; je l'aime!" s'auto-corrigea-t-il.

Alkerion sortit de ses gonds, son visage devint empli de colère. Le Petit Homme paniqua.
Aussitôt, Alkerion le fit tourner pour l'envoyer embrasser le mur en face, en criant :

"Mais merde !!!"

Il courut vers le Petit Homme, à peine remis de ses émotions, le saisit par les cheveux. Le Petit Homme couina. Tout en parlant, il lui frappa la tête violemment contre le sol pavé.

"Mais - pourquoi - faut il - que vous - soyez - tous - accro - à - cette - PUTAIN !!"

Pour le dernier mot, il éclata littéralement le crâne contre le sol. De son visage, il n'en restait qu'un amas de chair écrasé. Alkerion regarda le sang suintait de sa figure tout en pensant : Et merde, me suis encore emporté... Bon bah y'a plus qu'a rentrer.

Ce qu'il fit une fois s'être laver les mains dans le fleuve.

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