(1) Selene

[ereben]

Selenia Seleneïs, mahia sevarys.

Or, elle était belle. Elle bénéficiait du genre de beauté indéniable que l'on n'ose pas qualifier d'artificielle - car elle ne l'est point - ni de suspecte. C'était une beauté froide qui réchauffait le cœur des hommes. D'elle, émanait une invisible aura. Cet inexistant rayonnement vaguement bleuté qui provenait de sa personne la rendait fascinante. L'apparente innocence que sa physionomie de fillette de 14 ans évoquait contrastait avec l'incroyable et monotone lucidité de ses rares propos.

Aucune demi-mesure, avec Selene. Empiriquement, on peut dire que soit on en est amoureux, soit on la déteste ; dans les deux cas de tout son cœur.

Seul Al faisait exception. Lui, il agissait différemment avec elle. Bizarrement, il ne semble même pas lui en vouloir. Cela la troublait quelque peu.

Devant la fenêtre de sa chambre, elle contemplait le ciel étoilé dont la demi-lune éclairait les minables champs en friche et autres arbres quasi-desséchés qui constituaient le paysage autour de ce cadavre d'auberge. L'intrigant bleu que son visage imposait à l'esprit la rendait encore plus belle. Personne n'était là pour le voir à cet instant, cependant qu'elle philosophait sur le comportement d'Al. C'est un hyper-rationnel, conclut-elle rapidement.

Elle ressentit alors la fatigue. Elle rabattit la couette d'une geste vif ; puis, d'un autre, plus sensuel, fit glisser sa minimaliste robe blanche, dénudant ainsi son exquise anatomie sans l'ombre d'un complexe.

Elle savoura la fraicheur du lit.