(2a) Faux Rebond

[Tyrael]

Quelques jours plus tard, Ambre arriva au terme de l'espionnage de la cible. Il habitait dans un quartier assez modeste de Derry. Le quartier Lannelongue était long, en cul de sac, et munit de beaucoup d'immeuble, pour peu de commerçant. Cela faisait déjà deux fois qu'il passait devant sa demeure. Au bout de la troisième fois, il se trouva une place assez discrète et sombre afin que l'on ne puisse pas l'apercevoir. Il se cala donc, dans ce renfoncement, de l'autre coté de la rue, en face de l'entrée de son bâtiments, et attendit, une feuille à la main, le tabac dans l'autre.

[jera]

Le sourire aux lèvres, sautillante, Jera sortie de chez elle pour aller chercher son fils à l'école. Un peu en retard, comme toujours, elle dévala les escaliers et s'engouffra dans la rue. Elle regarda l'homme assit en face de son batiment, lui fit un sourire puis pressa le pas.
Peu de temps avant qu'on mette Lukas à la garderie, et ils n'avaient pas forcément les moyens de se la payer. L'école n'était pas loin, et elle en profitait pour faire une petite promenade, apres avoir passé la journée à faire des ménages dans le quartier.

Elle regarda sa montre, et jugea finalement qu'elle n'avait pas à courir, elle ralentie donc un peu.

[Tyrael]

Toujours la capuche baissée, il la regarda passer. Il jugea que le moment était idéal pour se rendre chez lui, et le tuer, le temps qu'elle prenne l'enfant à l'école. Lorsqu'il ne put la voir, il s'avança vers le perron de l'immeuble, et gravit les marches.

Elle m'a fait un sourire ? Mhm... Heureusement qu'elle ignore l'enfer dans laquelle je vais la faire vivre. Enfin, il est maintenant temps de passer à l'action.

[jera]

Arrivée à l'école, elle regarda son fils avec un sourire, il couru vers elle et lui sauta dans les bras.

"-Tu as passé une bonne journée mon chéri?
- Oui m'man, on a fait des jolis dessins regarde. "

Il lui montra un dessin assez grossier, représentant une maison bordée d'herbe, avec à côté, papa, maman et lui. Elle lui fit un sourire puis le prit par la main.

"- On va gouter? Tu as faim?
- Oui! " suivit d'un large sourire.

Ils refirent le chemin inverse, lentement, car Lukas aimait regarder chaque immeuble et s'imaginer la vie des gens dedans. Il en faisait part à sa mère.

" - Lui, il a toujours ses volets fermés, je suis sûr que c'est un agent secret, avec pleins d'armes sous son manteau. Et elle, elle est femme d'affaire et est toujours en redez vous. "

Et il continuait comme ça sur tout le chemin du retour, inventant chaque fois des histoires extra-ordinaires.

Arrivé devant leur immeuble, elle fit un bref arret, ne voyant plus l'homme qui était assit la tout a l'heure.

"Etrange se dit-elle, il a pourtant passé la journée assit ici". Mais elle n'y fit pas plus attention. Elle regarda Lukas, lui fit un sourire et lui tendit un billet.

" - Court a la boulgerie, et ramène nous un bon gouter! " suivit d'un clin d'oeil. Lukas ne se le fit pas dire deux fois, attrapa le billet et couru en direction de la boulagerie.

Jera se retourna, contente de faire plaisir à son fils, et commença à monter les escaliers.

[Tyrael]

Son crochet déverrouilla la porte de l'appartement avec une facilité déconcertante. Il entra dans un long couloir. A ses cotés, un meuble à chaussures, des placards. L'appartement semblait accueillant, on s'y sentait vraiment chez soi. Les pieds sur un grand paillasson, il repensa à la raison de sa venue en ces lieux. L'homme ne l'avait visiblement pas entendu entrer. Une discussion étouffée semblait venir de la pièce de gauche. Une télé, le salon. Il mit des gants en cuir, et entra avec prudence et silencieusement vers l'origine de ce son, l'esprit vide, comme lorsqu'il fait son boulot. Une vague odeur d’encens venait d’une autre pièce de l’appartement. Il l’ignora, et avança.

[jera]

Elle montait les escaliers en sifflottant, se pressant un peu pour que tout soit pret a l'arrivée de Lukas. Elle arriva devant la porte et la trouva entrebaillée... Elle était pourtant sûre de l'avoir fermée en partant. Elle fronça un peu les sourcils et passa la tete dangereusement.

"- Chéri? Tu es la? " Elle attendit une réponse, mais n'eut qu'un petit bruit de précipitation. Elle s'avança précautionneusement, referma la porte à clef dans le silence le plus total.

Le coeur battant, elle attrapa la première chose pointue qu'elle trouva: le parapluie. Armée, elle avança vers le salon, à pas de velours, rasant les murs.

[Tyrael]

Le canapé était juste devant lui, l'homme entrain de regarder une émission débile à la télé. Il ne semblait pas dormir, ni s'assoupir. Dommage, le travail aurait été plus facile. Il s'approcha doucement, faisait bien attention à ne pas glisser sur un des nombreux jouets d'enfant, éparpillés par terre. Arrivé à portée de main, il vit tout de suite le scénario dans sa tête. Un cambriolage ayant mal tourné. Donc il allait devoir le tuer gauchement, comme un novice, puis dérober quelques objets de valeurs. Et bien sur, laisser l'appartement sans dessus dessous.

Avec un dernier soupir intérieur, il referma ses mains sur le coup du jeune homme. Heureusement, pas de cheveux long, mais au ras. Une chance. Son corps fut prit de soubresaut. Un râle sortit de sa gorge comprimée, ses mains griffées l'air désespérément. Décidément, ce job était parfois d'une facilité. Il raffermit sa prise lorsqu'il entendit un porte se refermait.

Sa tête se tourna rapidement vers l'entrée. Avait il fermé la porte en entrant ? Aucune idée. Il agissait comme un vulgaire débutant.

"- Chéri? Tu es la? "

La tension le faisait trembler. Il craqua la nuque de l'homme d'un coup sec, et avança à pas de loup vers le coté de la porte. Il 'adossa au mur,et attendit que la nouvelle venue passe la porte pour l'assommer, la tuer, et s'enfuir.

[jera]

Tenant fermement son parapluie, elle avançait dans le couloir qui lui semblait interminable. Elle avait l'impression que son coeur allait exploser dans sa poitrine.

Presque arrivée dans l'entrebaillement de la porte, la porte de l'entrée grinça, et une petite voix cria a l'extérieur:

" - Maman! T'as fermé la porte! "

Elle s'arreta net. Que faire? Lui répondre quelque chose serait trahir sa position, mais si elle ne disait rien, il allait s'enerver et donner des coups dans la porte. Elle fit plusieurs mouvement de tete de part et d'autres, et fixa son regard d'un coup en direction du salon, retenant sa respiration. Les pieds de son mari dépassaient, mais ne bougeaient pas. La panique montait de plus en plus. Elle était persuadée maintenant qu'il y avait quelqu'un d'autre dans l'appartement, et surement dans cette pièce. Y entrer ne serait surement pas une bonne idée.

" Mamannnnn!!"
Elle se décida à retourner vers l'entrée, en marche arrière, sans quitter le salon des yeux, les larmes montant progressivement. Elle ouvrit la porte sans bruit, murmura quelque chose a son fils et referma la porte...

[Tyrael]

Pendant qu'une partie de son esprit analysait ce qu'il se passait dans le couloir, il pensa à un moyen de fuite. La pièce comportait deux fenêtres, mais étant au deuxième, la chute serait trop grande. De plus, de souvenirs, il n'avait pas vu de corniche assez large pour pouvoir descendre sans risque. Et puis, en plein jour, descendre d'un appartement par la fenêtre, revenait à se livrer à la police, les mains bien en évidences. Il n'y avait que deux portes, dans cette pièce : celle d'où il était venue, donnant sur le couloir, où elle pourrait être et une autre, près de la fenêtre, à l'opposé de lui. La télé tournait toujours. Une idée lui vint soudain.

Il tata son visage afin de s'assurer que son foulard était toujours la, dans le doute. Le contact du tissu l'en assura. Il se tourna vers la porte donnant sur le couloir, et contourna le canapé le plus loin de la porte afin d'avoir toujours un oeil dessus. Il arriva à voir le cadre avec des fleurs, situé à trois mètres de l'entrée. Son regard se reporta sur la table. La télécommande s'y trouvait. Il la prit, et augmenta le son au maximum. A présent, ils seraient tout les deux dans le flou. Il pensait à foncer tète baissé, lui donner un coup mortel, et partir. Pour l'enfant, il le laisserait sûrement en vie. Apres tout, il aurait le choc de perdre ses parents, aucun risques qu'il se souvienne de quoi ce soit. Tout en gardant la porte en vue il ouvrit l'autre porte et tomba sur une cuisine. Elle donnait aussi sur le couloir. Ambre sourit et referma la porte derrière lui.

[jera]

Elle resta figée devant la porte d'entrée, apres l'avoir refermée. Ecoutant chaque bruit avec attention, le parapluie toujours bien cramponné dans les deux mains. Elle savait qu'une autre porte donnait sur le salon, et qu'il pourrait essayé de sortir par la.

Le son de la télé augmenta, elle ne pouvait plus se fier aux bruits qu'il faisait, mais lui non plus ne pourrait plus savoir ou elle se trouvait. Il fallait qu'elle fasse durer le plus possible sa présence dans l'appartement. Elle retint sa respiration, cramponna encore plus fort son parapluie, comme pour se rassurer, puis pris une grande bouffée d'air.

Elle s'avançant tout doucement dans le couloir, puis s'arreta au niveau de la première porte, qui donnait dans la cuisine, consciente qu'elle était visible du salon. Elle s'accroupie donc, jetant un regard furtif dans la cuisine, à première vue vide. Elle passa la porte à quatre pattes pour aller se cacher contre le meuble bas dans le couloir, qui la cacherait du salon, mais lui laisserait acces a la cuisine. De n'importe quel côté où il sortirait, elle aurait l'avantage.

Des gouttes de sueurs perlaient sur son front, sa chemise commençait à la coller. Elle pensait son fils, réussirait-il la mission qu'elle lui avait confié a temps? Elle ferma les yeux un instant pour reprendre ses esprits, et attendit un son, un pied, ou tout autre manifestation humaine...

[Tyrael]

Il ignorait totalement si elle était encore présente dans la maison. Le son le masquait, mais elle aussi par la même occasion. Courir ? Nan, la porte était sûrement fermée et verrouillée et beaucoup trop épaisse pour être défoncé par un simple coup d'épaule. Comme arme, il ne disposait que des éléments alentours, et de ses mains. Collé au frigo, il soupira et marcha bien en évidence au milieu de la cuisine. Sans arme il sortit de la pièce, prêt à une quelconque attaque venant de sa gauche ou de sa droite mais malheureusement, pas du sol.

[jera]

Voyant un pied se poser sur le sol juste devant elle, elle glissa le parapluie juste avant le deuxième. L'homme s'affala par terre, elle se jetta sur lui pour l'immobiliser au sol, assise à califourchon, lui empoignant fermement les bras et lui bloquant au sol.

"- Qu'est ce que vous faites chez moi? " D'un voix pleine de colère, trahissant aussi la peur qui la prenait au ventre.

Il sentait les jambes de la femme trembler. S'il se levait violemment et avec suffisamment de force, il pourrait la faire basculer en arrière et fuir. Mais bizarrement, il aimait cette situation. N'avait il pas envie, quelques jours plus tôt, de tout plaquer pour une nouvelle vie ? Peut être est ce une opportunité spécialement faite pour lui.

"Oui !! C"est exactement ça, bravo ! Lise à maintenant trente huit points, et Edmond plus que vingt. Voici un magnifique renversement de situation !", beuglait la télé.

Ambre sourit. Enfin l'heure de la retraite.

"Je fais mon travail, ma petite dame, seulement mon travail."

[jera]

Elle le regarde droit dans les yeux, la colère prenant le pas sur la peur. Elle reste pétrifié au dessus de lui, sans vraiment pouvoir faire quelque chose.

"- Ton travail? Mais qu'est ce qu'on a fait? " Elle fronce les sourcils " Tu te fous de moi!!
- Je n'ai pas accès à ce genre d'information, j'en suis vraiment désolé, mais je ne suis que l'exécutant." répondit il d'une voix calme et assurée.

[jera]

Son visage traduis son interrogation, elle semble interloquée.

- Vous ... vous ne ... savez pas? Elle reste pétrifiée au dessus de lui, puis leve la tete en direction du salon. Mais et mon mari... enfin pourquoi... vous devez bien savoir... que lui avez vous fait? Soudain, c'est la panique qui prend le dessus, elle essaye tant bien que mal de ne pas le montrer et de garder le control...

Ambre se sentit tout d'un coup honteux. Ce fut la première fois en dix ans de carrière qu'il se fit prendre par quelqu'un. Il avait la même impression qu'un enfant qu'on surprend entrain de racketter un de ses amis. Il garda toujours les yeux plantés dans les siens en signe de contrôle.

"Il est... Il est mort. Désolé."

Elle resta pétrifiée au dessus de lui un instant, sans pouvoir rien faire.

"Mort?... mais que..."
Puis elle fondit en larme sur lui, et prise d'une rage folle, pris la tete d'Ambre dans ses mains et commença a la frapper sur le sol de toutes ses forces, lachant ainsi ses mains. Poussant un long " Nooooooonnnnnnn"
Au premier coup, Ambre vit plein d'étoile noire dans son champ de vision, la douleur sourde le laissant un court moment pantois. Il n'attendit pas la seconde rencontre avec le parquet, avec ses deux mains désormais libres, il frappa assez fort sur les tempes de la femme, pour l'assommer pendant un bon moment. Aveuglé par sa rage, elle ne vit pas le coup venir.

Elle s'affalla de tout son long sur le sol, sonnée.

[Tyrael]

Ambre poussa la femme sur le coté et se tint la tête à deux mains, tellement la douleur lui tambourinant dans le crane. Au bout de quelques secondes, il réussit à trouver les choses les plus importantes et urgentes à faire, avant que l'enfant ne revienne. Il prit une carte dans sa poche intérieure de son cuir, et la glissa dans la poche de jean de la femme. C'est alors qu'il vit sa main ensanglantée.

"Tu te défends bien ma belle, tu mérites au moins le droit de te venger."

Il défit un instant son foulard, lui embrassa tendrement le front, et se leva afin de repartir tout en replaçant son foulard sur la moitié inférieur de son visage. Arrivé à la porte, il la déverrouilla sans mal grâce aux outils adéquat. Après un dernier regard sur cette femme armé d'un courage allant jusqu'a la témérité, il ouvrit la porte et sortit rapidement.
Tout en descendant l'escalier, lui vint un révélation : aussi bizarre que cela puisse paraître, elle lui plaisait et mourir de sa main allait devenir pour lui, un honneur.
Son visage s'orna d'un sourire attristé. Lors de sa descente rapide, il croisa un enfant de bas age. Celui-ci semblait apeuré. Les yeux encore rouges et humides, il lui lança un regard suppliant, et l'arrêta.

"Excusez moi monsieur, mais vous avez vu ma maman en haut ?
_ Oui mon garçon, elle va bien."

Il hésita un instant, et ajouta.

"Conseille lui de prendre de l'aspirine, d'accord. Allez fonce, elle t'attend."

L'enfant redevint souriant et tout excité. Il le remercia et fonça dans l'escalier comme un dératé, un sourire plein d'espoir aux lèvres. Ambre reprit sa descente, mais sans pour autant se presser. Il rejoignit le metro, et rentra chez lui avec un mal de crâne, et des pensées plein la tête.

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