(1) Contrat

[Tyrael]

Ambre entra sur la terrasse sur le toit de la Tour Telnip. Le vent était glacial, mais son grand manteau de cuir noir le protégait efficacement. Et pour le visage, un foulard noir entourait sa bouche, son nez, et sa gorge. Il aimait avoir cette apparence lugubre et froide. Même si au fond, il n'était pas vraiment comme ça, du moins pas avec Salem. Mais il se devait d'avoir une certaine rigueur et un certain professionnalisme dans son travail.

Il balaya la cour d'un coup d'oeil. Salem était au fond, assis sur le rebord d'un bac à fleurs, les pieds appuyés sur la corniche du bâtiment, il scrutait le ciel, une cigarette à la bouche. Ambre s'avança vers lui avec un sourire, dissimulé par son foulard.

[ereben]

"Salut" dit Salem d'une voix monotone sans daigner regarder son interlocuteur.

Ambre se tint à coté de lui un moment, puis s'assit de la même manière que lui, et sortit une feuille et du tabac.

"Alors, ils n'ont toujours pas mis un contrat sur ta tète ? Ca m'étonne... dit il d'une voix calme et sereine.
- Ils veulent préserver leurs effectifs, c'est compréhensible..."

Le tabac alla rejoindre la feuille avec une quantité parfaite. Il la roula, lécha, et la mit dans sa bouche.

"Oui, mais bon, lorsque leurs meilleurs salariés sont des psychopathe, faut savoir faire des sacrifices. Tu as du feu ?"

Salem sortit un briquet de la poche de son manteau et le jeta nonchalamment sur le côté pour son ami. Ambre le ramassa.

"Merci, vieux" Il alluma sa cigarette, et poursuivit en lui rendant son briquet.

"Alors ton dernier contrat, bien passé ?
- J'ai taché mon pantalon préféré..." répondit Salem, boudeur.

L'air franchement désolé, il ajouta.

"Oh, vraiment pas cool ça. Surtout que ca part pas ces taches là. Pour l'instant je touche du bois, mes clients ne se sont jamais débattus.
- Justement ! Il s'est même pas débattu... J'ai juste tiré de trop près dans un mauvais angle..."

Salem semblait révolté contre lui-même comme s'il avait fait une erreur de débutant.

[Tyrael]

Ambre comprit tout de suite. Lui n'aimait pas trop les armes. Il en avait toujours une sur lui, et chez lui... un arsenal. Mais ne s'en servait qui s'il n'avait vraiment pas le choix. Sinon, il brisait la nuque, ou pratiquait quelques coups mortels qu'il avait longuement apprit lors de ses nombreuses années d'art martiaux.

"C'est le risque avec les armes, ça. Et une des raisons pour laquelle je les utilise que très peu.
- Je n'avais la flemme pour autre chose..."

Salem était un adepte du one shot, mais occasionnel. Sa méthode habituelle passait pour archaïque ; cependant rien n'avait jamais pu mener qui que ce soit - pot de vin ou non - à lui en investigation. C'étaient les armes blanches, ses outils de prédilection. Personne, pas même son ami ici présent, n'avait vu lesdites armes. Quand on lui demandait pourquoi il s'embarrassait d'une telle façon à l'ère du meurtre à distance, il répondait que c'était par acquis culturel et qu'en y songeant, il n'y avait que peu de choses de plus pures et efficaces.
Ambre aimait parler avec lui, avant de commencer un nouveau contrat. Il restait peu bavard, mais avait toujours de sages conseils à lui enseigner. Même si leurs méthodes étaient différentes, certaines règles se devaient d'être toujours appliquées, quoi qu'il puisse se passer lors de l’exécution du dit contrat. Il lui avait apprit la moitié de ces règles.

"Encore un nouveau contrat à m'occuper, je l'ai reçu ce matin. Salem, tu crois pas que l'humain s'est toujours sentit attirer par ce qui est interdit ?"

[ereben]

Salem ne répondit pas tout de suite. La réponse était claire, nette et précise pour lui, mais:

"Pourquoi tu me demande ça comme ça, maintenant ?"

Ce fut maintenant au tour d'Ambre de scruter le ciel d'un air pensif, une cigarette à demi entamé dans la bouche.

"Je sais pas, ça m'a souvent traversé l'esprit ces temps ci. T'as jamais eu envie d'avoir une famille, Salem ?
- Non... Et quand bien même, je pense que tu es assez attaché à la vie pour éviter d'en parler ici...
- Oui, en effet, oui."

Ils restèrent ainsi à scruter le ciel, attendant de finir leurs cigarettes. Puis, avec une tape sur l'épaule de son ami, Ambre jeta le mégot dans le vide, et marcha vers la sortie de la terrasse, le contrat toujours à la main. Avant de quitter Salem; il ajouta :

"Au fait, je te dois un ciné. Ca te dirait dans deux semaines, le même jour ?
- Si tu t'es pas fait tuer entretemps, oui."

Il sourit puis sortit d'un pas sûr et lent. La porte claqua derrière lui. Il s'appretait à rentrer chez lui.

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