Re: (8) Dernière Ligne Droite

[ereben]

Dans sa chambre, sa chambre, Selene commença par contempler les vestiges du passé. Cela faisait des années qu'elle n'avait pas revu cet endroit. Et elle allait de nouveau le quitter aujourd'hui.... définitivement.

Elle sut tout de suite où chercher des vêtements. Bien-sûr la plupart étaient trop petits, mais sa mère était très pragmatique à ce niveau: elle devait posséder des réserves jusqu'à ses 30 ans... Elle prit un pantalon léger et résistant, gris, féminin malgré tout. Elle trouva un simple débardeur blanc qui était parfaitement à sa taille si bien qu'elle fut surprise de voir à quel point il mettait ses formes en valeur. Elle avait l'air d'une femme, un peu rebelle, aventurière, mais malgré le moins d'innocence, toujours si jeune, belle, triste...

Elle trouva également un sac moyen qui leur serait utile. Le prenant, elle quitta sa chambre, celle du fond à gauche, donc, et entra directement dans celle d'en face: celle de sa mère... Elle laissa tomber le sac. N'y voyant rien, elle décida d'ouvrir les rideaux. Cela provoqua un tournoiement poussiéreux nettement visible dans les rayons de soleil. Le lit n'était pas fait. Elle en déduisit que personne n'y était entré depuis ce jour... Sur la commode, elle tomba sur une petite peinture de ses parents ensemble... Elle eut un soupir de dédain et la négligea sur place. Elle ouvra le tiroir de la table de nuit du côté où son père dormait quand il venait ici. Elle y dénicha un poignard. Alors que le fourreau, doté d'une petite ceinture, ornait encore quelques taches de sang, le poignard en lui-même lui apparut scintillant, propre, aiguisé, comme neuf, quand elle le sortit pour vérifier. C'est donc bien l'original. Père, as-tu cru me berner ainsi ? J'étais très curieuse, autrefois.

Elle sortit afin de descendre rejoindre les autres pour leur annoncer qu'ils partiraient en fin de matinée, s'ils étaient d'accord.

[Tyrael]

Alkerion l'entendit descendre. Aussitôt, il sortit dehors afin de chercher un bac d'eau pour se rincer le visage.
Moins il serait avec elle, moins il y aurait de chance que des étincelles éclatent entre eux. Il en trouva un, a quelques maisons de là où ils avaient dormit.
Tyrael la regarda descendre avec un œil curieux. Puis quand il vit sa tenue, il détourna vivement le regard. Comme d'habitude, il ne dit pas un mot.

"Euh... dit-elle. Il doit être quelque chose comme... 8 heures et demie. Si ça vous convient et si Kery est revenu, on part à 11 heures."

Tyrael hocha la tête, et s'assit sur un coin du meuble remplit de poussiere. Son regard pensif était dirigé vers la fenêtre à l'opposé de Selene.

L'eau fraîche lui fit le plus grand bien. Il s'en rebalança sur le visage, puis plongea entièrement la tète dedans. Au bout de quelques minutes, il la ressortit. Il se sentait à présent entièrement revigoré et prêt à entamer cette journée. Cependant, il ne voulait pas rentrer les voir. Trop de complot, trop de manipulation, de tension. Il marcha donc dans la ville jusqu'a la place où il espérait trouver un endroit pour s'assoire et un lieu pour penser sans être gêné.

[ereben]

"Al, regarde... J'ai trouvé ce sac, il est mieux que celui qu'on avait jusque là. Tu peux... faire le transfert et rajouter des vivres, s'il-te-plaît ? J'ai encore des trucs à préparer pour demain soir.
- Préparer quoi pour demain soir ?
- Ben, ouvrir les passages, répondit-elle comme si c'était la chose la plus évidente. (Puis, devant son regard étonné : ) Quoi, tu pensais encore que j'allais vous laisser bloqués ici avec moi ? Je n'ai plus besoin de vous. Mais je ne suis pas mon père, je ne détruis pas ce qui m'est inutile."

Alkerion trouva la place assez facilement, toutes les avenues y convergeaient. Malgré l'état dévasté dû aux affrontements, sans doute sanglant, d'autrefois, Alkerion y vit un certain charme. La fontaine asséché et à demi détruite au centre de la place était entouré de bancs. Alkerion s'y rendit et s'y assit avec un certain plaisir.

Enfin seul et libre.


Il ferma les yeux, s'adossa au bord de la fontaine, et bascula la tête en arrière. Comme un signal, ses pensées se réveillèrent de leurs sombres recoins e se joignirent toutes sur un même nom : Laloune. Pendant un court instant Alkerion les repoussa. Puis, énervé de vouloir éviter l'inévitable il les laissa affluer. Son esprit quitta son corps pour se plonger dans cet océan de souvenir...

...jusqu'a ce qu'il sente quelque chose de long, froid, et coupant sur sa glotte. Il rouvrit les yeux. Un homme mal rasé et visiblement atteint d'une maladie peu recommandable, le regardait fixement, avec un regard haineux. Il semblait avoir bu. Son haleine lui confirma.

[ereben]

"Ca, je m'y attendais pas" dit l'homme.

Sa peau était parsemée de croutes aux formes diverses et variées. Son épée était visiblement volée, au vu de ses ornements, mais il l'avait sérieusement négligée. Tuer Alkerion avec ça relevait du défi insensé. Mais il n'était pas seul. Il était accompagné de deux hommes, aussi pauvres et revanchards que lui. Apparemment, ils avaient plus à perdre que lui car le souvenir du massacre de la veille leur dicta de rester quelque peu à l'écart.

"J'en ai réchappé de peu, tu sais... Je sais pas par quel prodige t'as réussi à nous aveugler, mais moi je ne suis pas un de ces idiots de braillards. Eeeh, ouais mon pote, j'ai fait le mort !
- Oh...(Alkerion sourit) Vous n'allez pas me croire, mes amis, mais je regrette amèrement mon geste. Si vous vouliez la fille pour vous amuser, vos auriez du l’annoncer en arrivant. J'aurai fait le nécessaire. Mais entre nous... Ce n’est pas un cadeau."

L'homme rit. "Tu, vois, ça c'est pas mon problème... Ce que je sais c'est que tu as massacré ma bande. que de 21 on est réduits à 3..."

Alkerion jouit de plaisir, et tout son être tremblait d'une envie de jouer avec leurs si frêles et fragiles vies.

"Ah... Je voulais trouver un terrain d'entente, mon ami. Mais apparemment, tu ne me laisse pas le choix."

Ses yeux se referment. Lorsque, après quelques secondes, ils se rouvrirent, l'ancien éclat d'humanité disparut. Ses yeux étaient d'un noir jais, pareil à un abîme sans fond. Sa voix se dédoubla :

"Vous ne serez plus que trois... Taches."

[ereben]

"Mais qu'est-ce qu'il fait ? Il est presque 11 heures, il n'est pas revenu... se lamenta Al en constatant l'allongement de la promenade de Kery.
- Il va revenir... dit Selene avec détachement. Il me hait, mais il sait qu'il n'a pas le choix s'il veut repartir et revoir sa fille."

Tyrael se retourna vers elle, les yeux exorbité, l'air franchement étonné.

"Il a une fille ?" , les premiers mots qu'il adressa à Selene.

"Oui, et il en est très fier, pourceau !"

La voix faiblarde vint d'un homme avachi sur le montant de la porte. A ses habits, Tyrael reconnut Alkerion. Mais son visage semblait différent. Emacié, très maigre, squelettique, des cernes et des poches noires sous les yeux, le teint encore plus blafard que d'habitude. Il semblait visiblement extenué, comme vidé de ses forces.

[ereben]

"Putain, Alkerion... dit Selene en oubliant ce qu'elle faisait pour aller constater les dégâts. Des survivants ?" supposa-t-elle.

Son rire ressembla à celui d'un vieillard sur le point de mourrir.

"Moi, seulement et toujours, moi.
- Viens, mets-toi sur la banquette. Tyr, s'il-te-plait, tu peux lui apporter un verre d'eau ?"

Tyrael s'exécuta nonchalamment et sans un mot. Il risqua encore un regard plein de pitié, puis entra dans la cuisine. Alkerion s'avança et s'affala dans le divan, lourdement. Un énorme nuage de poussière le précéda. Mais il n'eut même pas la force de tousser, il s'allongea dans la position la plus confortable. Puis dit d'une voix faiblarde :

"Ca ne sert à rien, on peut rien contre les méfaits des Talents.
- On peut éviter de les utiliser." fit remarquer Al, condescendant.

Alkerion ne répondit pas. Il attendit que Tyrael lui apporte le verre d'eau avec impatience. Quand il revint, il accepta le verre d'eau tout en le fixant droit dans les yeux.

"Garde ta pitié, crétin, je n'en ai nul besoin."

Tyrael lui répondit par un regard mauvais qui en disait long, puis se rassit sur son coin de meuble, et regarda la scène. Alkerion le regarda s'asseoir, puit revint à son verre d'eau qu'il but en plusieurs gorgées. Il reposa le verre sur la table, et se redressa en position assise. Il se tenait la tête entre les bras. Puis annonça :

"Si je ne les avait pas utilisé, je serais dans un état pareil aux autres. Je serai entrain de fournir mon sang en offrande à la fontaine, afin qu'elle puisse refonctioner. Et cela ne m'enchante guère"

[ereben]

"Tu es en état de voyager ?" demanda Selene.

Alkerion se releva avec une difficulté alarmante. Il se retourna pour faire face à Selene.

"Si l'on m'aide pour me déplacer, je pourrai parcourir des lieux, oui.
- Bien. Je suis désolée, Kery, mais s'attarder ici est une très mauvais idée."

Kery, malgré son visage toujours de marbre, apprécia l'inquiétude de Selene à son égard.

"Je le comprends parfaitement, n'ayez en cure. Plus vite nous partirons d'ici, et mieux ce sera. Vous êtes prêt de votre coté ?
- Oui, nous t'attendions."

Alors ils partirent. Selene les mena à la porte Sud. Passant par le lieu des derniers massacres plus ou moins légitimement commis par Alkerion, ils purent constater à quel point il avait eu l'occasion de se défouler. Ils sont encore moins beaux à voir que ceux d'hier... pensa Selene. Elle fit attention à ne pas trop marcher dans le sang. Une fois la place centrale traversée, la porte Sud franchie, une vaste étendue de plaines herbeuses s'étendaient devant eux. Un terrain facile, mais un long chemin. Au loin, se dessinait une vallée, un interstice entre les deux sombres séries de montagnes qui l'encadraient. Selene marcha droit vers celui-ci.

[Tyrael]

Le chemin serpentait entre les des falaises abrupts. Tyrael regardait toujours en l'air, dans la peur qu'un éboulement les enterre dans ce lieu inhospitalier. Alkerion, avec l'aide de l'épaule d'Alonaël, marchait à un pas rapide et constant. L'idée d'en finir une bonne fois pour toute l'animait d'une énergie inépuisable. Cependant, il espérait comme tout les autres que la fin de ce long et sinueux sentier soit qu'une question de minutes. Le jour commençait lentement à se coucher.

"On ne devrait pas être loin. Les Site de Malakine est un peu isolé. C'est censé être un Site secret..."

Alkerion soupira de joie.

"Vous ne pouviez m'annoncer meilleure nouvelle."

Elle ne savait pas s'il était sincère ou ironique. Ne le notant pas, elle continua de les guider hypothétiquement vers le Site.

[Contenu sponsorisé]